Tout ça… pour ça !
- Comité Défense Hôpital Guingamp
- il y a 5 jours
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Communiqué du Comité de défense de l’hôpital public et de l’offre de soins du Pays de Guingamp 30/06/2025
Dans notre précédent communiqué, nous dénoncions l’accélération de la restructuration programmée de l’offre hospitalière. Comme pour nous donner raison, en 9 jours seulement, l’ARS nous a gratifiés d’une nouvelle farce et d’une blague réchauffée.
La nouvelle farce, c’est la présentation le 18/06 d’une étude sur la faisabilité de la reprise des accouchements à Guingamp « … sur la base des moyens humains et techniques disponibles ... » La réponse était déjà dans la question ! Si l’on se base sur les moyens humains et techniques actuellement disponibles, la conclusion est écrite dès le début, comme nous l’avions déjà annoncé. Un an de travail pour ça ! Un rapport de plus pour appliquer laborieusement un vernis d’expertise sur la fermeture de notre maternité.
Quand il s’agit de dépenser des ressources humaines et de l’argent public, l’ARS a décidément des priorités discutables : on a eu droit au rapport Rossetti, aujourd’hui au rapport Lassel (auquel personne n’a accès, soit dit en passant...), et entre-temps au scandale des 300 000 euros versés à la maternité privée de Plérin.
Quelle sera la prochaine étape ? Un rapport pour étudier la faisabilité de l’accueil de 3 000 à 3 500 accouchements par an dans une unique maternité départementale « sur la base des moyens humains et techniques disponibles » ?
La blague réchauffée nous a été servie le 27/06 : le « nouvel hôpital » bien sûr.
« C’est l’histoire d’un... » député macroniste qui en 2020 tente un come-back sur le terrain de la santé après s’être singularisé en 2018 comme étant le seul à suivre l’ARS dans sa volonté de fermer notre maternité. Il sort du chapeau l’idée d’un hôpital neuf ! En bordure de 4 voies. En 2021, il obtient un chiffre, il le martèle : 120 millions d’euros !
Et là, la blague tourne court normalement. Parce qu’un nouvel hôpital, c’est au bas mot 400 à 500 millions d’euros d’investissement.
Mais l’histoire n’est pas finie, parce que certains veulent y croire, au nouvel hôpital, malgré nos avertissements, car partout en France les comités de défense en ont fait l’expérience : les projets bâtimentaires se traduisent toujours par des pertes de lits et des fermetures de services. Lors des rares comités de pilotage auxquels nous sommes conviés par l’agglo, on tente bien de nous rassurer dès le départ : « Il ne sera pas question des bâtiments tant que nous n’aurons pas l’assurance du maintien des services de maternité et de chirurgie. Nous voulons un hôpital de plein exercice ! » L’expression est la nôtre, les élus la reprennent, tant mieux, c’est fait pour.
Las, à l’été 2024, malgré nos mises en garde, l’agglo se prononce sur un choix de terrains pour le « nouvel hôpital »... Et se fait aussitôt désavouer par l’ARS qui prend le contre-pied de tout ce quelle avait pu dire jusqu’alors : l’hôpital sera reconstruit sur place ! Colère des élus. Logique. On pourrait les croire échaudés...
Mais un an plus tard, où en sommes-nous ?
101 millions. Sur 10 ans. Rien sur la maternité. Rien sur la chirurgie complète.
Retour à la case « hôpital low-cost » : vous ne toucherez pas 500 millions. Vous n’aurez pas de maternité. Vous n’aurez pas de chirurgie complète. Mais vous aurez 10 ans de ripolinage de votre hôpital actuel.
… Soyons sérieux. Comment se réjouir aujourd’hui d’une proposition unanimement rejetée jusque-là ? Après tant de prises de positions radicales, des médecins cubains aux arrêtés des maires enjoignant l’État à agir pour l’accès aux soins, comment peut-on envisager d’accepter ce deal qui relance le BTP mais oublie notre hôpital de plein exercice ?
Au-delà de ces considérations, la communication de l’ARS et le calendrier qu’elle a choisi pour ses annonces soulèvent d’autres questions sur lesquelles nous devons attirer l’attention de chacun.
Un SDIE au financement aléatoire.
Commençons par 1,8 million d’euros du conseil départemental. Cet apport est-il au moins conditionné au maintien des services ? Ensuite l’ARS dit miser sur « le recours à l’emprunt, l’autofinancement, l’apport par valorisation de son patrimoine, les dons et financements participatifs ».
La valorisation du patrimoine de l’hôpital ? On a hâte d’en savoir plus...
L’appel aux dons et la cagnotte en ligne ? Sérieusement ? France 2025, 7ème puissance mondiale : sommes-nous tombés si bas ?!
Quant au financement par l’emprunt, il n’a rien de rassurant quand on connaît le déficit global des hôpitaux du GHT, la volonté exprimée par le gouvernement de faire encore 1,7 milliard d’économies sur la santé, la circulaire Bayrou du 23/04 qui demandait aux ARS de diminuer les dépenses, etc. C’est dans ce contexte que le CH de Guingamp va devoir trouver 56 millions ! Pour le bâtiment. Alors que la priorité doit être l’humain ! On nous parle d’attractivité… Justement, l’urgence est de payer dignement les soignants qui tiennent l’hôpital à bout de bras, d’en recruter de nouveaux afin d’alléger la charge de travail, et de se donner les moyens de répondre aux besoins de la population.
Des urgences « régulées » de nuit tout l’été !
En attirant l’attention sur les 101 millions promis, l’ARS tente maladroitement de nous faire oublier l’annonce catastrophique du 26/06 : les urgences seront « régulées » de nuit dans tout le département pendant tout l’été ! C’est une mise en danger de la population dans des proportions encore inédites… accueillie dans un silence assourdissant.
Une autre voie est possible !
Une proposition simple : mettons en regard de ces 101 millions pour le bâtiment la somme que la région de Calabre en Italie a investi dans l’humain : 4 millions d’euros par an ! C’est le budget qui permet aux brigades médicales cubaines de maintenir l’activité de 5 hôpitaux pourtant voués à la fermeture. Question de priorités sans doute…
Nous sentions venir l’heure du renoncement, raison pour laquelle nous avons publié notre Appel de Guingamp le 18 juin. Il s’adresse à celles et ceux qui refusent de se rendre aux arguments de l’ARS.
On l’aura remarqué, personne ne veut parler du destin de la maternité privée de Plérin, pourtant scellé depuis les déclarations de son directeur en janvier* et le scandale des 300 000 euros. La seule inconnue reste la date, mais en l’absence de rentabilité, la fermeture est inévitable faute d’argent public. Prétendre le contraire revient à attendre sans bouger la transformation de St-Brieuc en usine à bébés.
Nous invitons à nouveau les usagers-cotisants-contribuables à s’exprimer en signant l’Appel et en le diffusant largement. Nous invitons également les personnalités qui souhaitent s’investir dans la défense de notre service public à relayer cette initiative et à le faire savoir au plus grand nombre : « Puisque la maternité de Plérin va fermer, nous exigeons la réouverture de la maternité publique et le maintien de la chirurgie complète à Guingamp ! »
Pour le droit de naître, vivre, se soigner, travailler et décider au pays !
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* « On ne pourra pas financer à 100 % une équipe de médecins salariés de gynécologues et de pédiatres. L’ARS ne nous apporte pas, pour l’instant, de réponse sur le long terme » - source Ouest France, 28/01/2025 https://www.ouest-france.fr/sante/ils-veulent-tout-faire-pour-continuer-les-activites-de-la-deuxieme-maternite-des-cotes-darmor-fc77fcc6-dd85-11ef-810a-106aa4bdccb7


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